Roger Caillois classification des jeux

Roger Caillois, sociologue français du 20e siècle sort “Les jeux et les hommes” en 1958 où il développe la réflexion sur l’importance du jeu pour toute civilisation.

Roger Caillois définition du jeu

Roger Caillois s’entreprend à prouver que le jeu est un élément central pour toute société, mais bien au delà, un élément indispensable pour vivre et grandir. Pour lui le jeu doit avoir une place prédominante et il faut comprendre son importance majeure.

Caillois & Huizinga, un thème commun

Tout d’abord, Caillois rend hommage à son prédécesseur Johan Huizinga. Ils partagent tous les deux une vision plutôt commune sur l’importance du jeu dans une société.

«C’est l’honneur durable de Huizinga d’avoir magistralement analysé plusieurs caractères fondamentaux du jeu et d’avoir démontré l’importance de son rôle dans le développement même de la civilisation. ».

Pour lui, tout comme Huizinga, le jeu et la culture sont deux entités étroitements liés, mais au delà de la culture, le jeu impact quelque chose d’autre : la sociologie.

«Je n’entreprends pas seulement une sociologie des jeux. J’ai l’idée de jeter les fondements d’une sociologie à partir des jeux ».

D’après lui, le jeu est un phénomène global, il englobe l’ensemble des dimensions de la vie en société, il a une influence sur les individus et il constitue un facteur de civilisation. Le jeu est fertile pour la culture, parce que, en sa qualité d’activité différente de la routine quotidienne, à laquelle on choisi librement de participer, le jeu révèle « les valeurs, le style et le visage d’une société ».

Une sociologie à partir des jeux

Il développe donc la recherche de son prédécesseur en poussant cette réflexion vers une typologie plus précise et plus englobante des jeux combinés à une vision du jeu en tant que source de dynamisme dans la société, Caillois a pour but de fonder une véritable sociologie à partir des jeux.

Il définit la notion de jeu comme une activité libre (on choisit de s’y adonner), séparée de la vie quotidienne, incertaine, improductive, et surtout, réglée ou fictive. Il insiste fortement sur l’exclusivité entre les règles et le fictif.

Pour Caillois, les sports en équipes par exemple (jeux réglés) seraient exempts de fiction et inversement, les activités théâtrales n’obéiraient à aucune règles. D’après lui, la fiction exclut la règle et la règle exclut la fiction.

Cette première différence interne conduit Caillois à classifier les jeux en fonction de l’attitude adoptée par le joueur.

«Le jeu est une activité libre, incertaine, avec des limites précises de temps et de lieu, il a ses règles et il est sans conséquence pour la vie réelle. […] Après examen des différentes possibilités, je propose à cette fin une division en quatre rubriques principales selon que, dans les jeux considérés, prédomine le rôle de la compétition, du hasard, du simulacre ou du vertige”).

C’est ici que l’on connait la première classification des jeux. Cette notion a bien évidemment était reprise plus tard, notamment par les experts en gamification pour comprendre les envies et les attentes des différentes typologies de joueur.

Les jeux et les hommes: Le masque et le vertige. Le best seller de R.Caillois.

La classification des jeux de Caillois

Le sociologue français Roger Caillois classifie les différents types de jeux sous forme de 4 grandes catégories :

La compétition (Agôn) : il s’agit de la rivalité entre joueurs, où chacun essaie d’être victorieux sur l’autre en le battant (sport, jeu d’échec, lutte, tir, courses…). Le but est d’être reconnu pour son excellence. Les joueurs ont avant tout un esprit de compétition, un esprit de victoire. Le gain par la victoire est souvent l’objectif prédominant et recherché par les différents joueurs de cette catégorie. La persévérance est aussi un élément fort de l’Agôn quand on étudie la typographie de ces compétiteurs, elle est souvent liée au dépassement de soi. Enfin, dans l’inconscient il y a également un désir de reconnaissance et de mérite individuel. L’individu prime sur le collectif en règle général.

Le hasard (Alea) : ici, la chance est maîtresse du résultat du jeu et non le joueur lui même, qui adopte un comportement passif (jeux de roulette, jeux de dés…). Il est opposé à l’Agôn (compétition). La compétition renvoie à l’actif alors que le hasard est étroitement lié à la passivité. Il n’y a pas d’affrontement direct, mais un lâcher prise vis à vis du destin. L’Aléa (hasard) n’appelle donc à aucune aptitude individuelle car tout le monde est égal devant le verdict de la chance. Dans l’inconscient, il y a une grande partie de vouloir fuir, s’échapper, de n’avoir aucune maîtrise ou certitude sur ce qui va se passer.

L’imitation (Mimicry) : dans ce cas, le jeu de rôle est prépondérant dans l’action de jouer. Le joueur va vivre un simulacre en incarnant un autre personnage et porter un masque (jeu de mime, jeu de rôle, jeu d’imitation…). L’action forte est vraiment celle d’être quelqu’un d’autre, de se cacher derrière un personnage. Ce qui caractérise le mieux cette typologie de joueur est l’aspect lié à l’inventivité et la capacité d’interprétation, ce sont des joueurs bon dans le domaine de l’illusion, du faire semblant (qui serait la seule véritable “règle” de ce type de jeu). Le joueur a l’envie de sortir de son soi. L’envie d’être quelqu’un d’autre, d’oser des choses différentes de ce qu’il ferait dans la vie courante, d’être une autre personne.

Le vertige (Ilinx) : cette catégorie englobe les jeux ou le joueur peut aller jusqu’à l’étourdissement et l’épuisement physique, comme les jeux d’enfants (dévaler une pente, tourner sur soi-même, retrouver son chemin…). L’Ilinx (vertige) est un appel à la transe et l’étourdissement qui suspend ou trouble notre perception de la réalité. En ce sens, la notion de vertige renvoie à une sortie de soi, une fuite de la réalité. Le désordre et la désorientation sont vraiment au coeur de ce type de jeu.

Le sociologue français Roger Caillois propose un schéma descriptif qui met en avant ces 4 types de jeux en fonction de leur degré de compétition et de détermination :

la classification des jeux selon Roger Caillois sociologue français

Roger Caillois les jeux et les hommes résumé

Le célèbre sociologue français a pour ambition de catégoriser et classifier les jeux dans son oeuvre. Il insiste sur le lien fort entre jeu et civilisation, avant d’entrer plus dans les détails de la classification.

Le jeu est une action ou une activité choisie, pourvu de contraintes, de règles, d’une fin et avec la conscience d’être autrement que dans la vie courante. Il est au fondement de la culture, il permet d’en définir et d’en modifier la structure même. De plus, grâce à la classification des différents types de jeux il est possible de définir sociologiquement une catégorisation de personnes et de comprendre l’impact du jeu sur leur culture, leur civilisation et leur quotidien. Cette catégorisation via la socialisation est le premier pas vers la distinction entre les différents types de “jeux”.

Des études au service de la gamification

Sa catégorisation permet de définir des groupes sociaux en fonction de la catégorie de jeu.

Suite à cela, il est alors possible d’étudier les choix implicites, les habitudes, le comportement et autres facteurs sociaux d’un groupe d’individus en fonction de la catégorie de jeu auxquels il joue.

Il devient alors aussi possible de comparer les différentes cultures en fonction du type de jeu implémenté dans la civilisation observée. Il est donc plus facile d’étudier et de comprendre l’apport du jeu sur la culture, la société, et la sociologie des individus qui la représente.

Cette classification sert de base vers l’ensemble des théories et études qui ont suivi et qui permettent de définir plus précisément le jeu et ses différentes déclinaisons. Les travaux combinés de Huizinga et Caillois sont les travaux les plus reconnus posant la structure de la relation entre culture, civilisation et jeu.

Ces travaux sont bien évidemment repris par tous les concepteurs de jeu, cherchant à concevoir des produits plaisant à un maximum de personne, et dans le cadre de la gamification, identifié les typologies de joueurs pour apporter des éléments gamifiés convenant à la typologie cible.

Par exemple, c’est grâce à cette catégorisation qu’une entreprise comme Nitro a définit les éléments de gamification à mettre en place sur son produit. Ils ont compris que les commerciaux réagissaient mieux aux éléments de compétitions et ont accès leur gamification sur cet axe suite à la classification de la typologie de joueur qu’ils avaient.

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L’histoire de la gamification

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