Les Lydiens, le jeu et la gamification

Les Lydiens, créateurs du jeu
Hérodote, considéré comme le premier historien par Cicéron, nous raconte qu’Atys, roi de la Lydie, (Asie mineure) au 16e siècle avant JC créa la notion de jeu.
La crise de famine des Lydiens
Il y a 3 000 ans, une catastrophe frappa le royaume Lydien. Des conditions climatiques désastreuses : un hiver glaciale détruisant la terre et tuant bon nombres de bêtes à chasser, un printemps tardif, une sécheresse extrême avec presque aucune pluie qui empêcha les travailleurs de maintenir leurs champs, et le peu de champs agricole qui subsistaient furent détruits par des tempêtes tout l’automne. Ces catastrophes climatiques durèrent sur plusieurs années et créèrent des récoltes insuffisantes, une pénurie des ressources, et donc, une crise énorme de famine sur l’ensemble du peuple.
Atys et ses sujets acceptèrent leur sort, sans se plaindre, en gardant l’espoir de jours meilleurs. Ils avaient la force d’endurer cette famine en se disant que c’était une épreuve des dieux. Qu’il fallait survivre et qu’ils en ressortiraient plus fort.
La création de la notion de jeu
Cependant, malgré les mois et les années qui passèrent rien ne s’arrangea. La famine était toujours présente et le peuple se faisait décimer petit à petit. Les Lydiens, bien qu’étant toujours persuadé que cela ne pouvait pas durer éternellement et que tout irait mieux un jour, cherchèrent une idée, une solution, afin de combattre cette famine et survivre.
Ils avaient besoin d’une idée, d’une façon différente de voir les choses pour ce sortir du quotidien où ils étaient rongés par la faim. Le roi Lydiens et son entourage eurent alors une idée.
Ils créèrent des osselets, des dés, des ballons et toutes sorte d’objets sortant du commun. Tous ces objets avaient un but précis. Il fallait définir des règles, des équipes et des conditions de victoire à chacun des objets. Le but était de “battre” l’autre, mais sans faire la guerre ou avoir un combat avec les mains. Le but était de s’appuyer sur les forces de chacun. Ceux qui étaient habiles avec leurs pieds inspirèrent un jeu proche du foot. Ceux habillent intellectuellement inspirèrent des jeux avec les osselets où il fallait réfléchir. Ceux qui étaient dotés de beaucoup de chance, inspirèrent les jeux de dés, etc …
Avec ces différents éléments : objets, règles, conditions de victoires, ils définirent pour la première fois de l’histoire la notion de jeu.
La gamification des Lydiens
L’objectif des jeux pour vaincre la famine était simple. Le peuple désespérait de plus en plus, tout le monde souffrait de la notion de faim depuis trop longtemps, tous les esprits étaient concentrés dessus et la population n’avait plus aucun moral au quotidien.
Certains commençaient même à se laisser mourir de peur que cette crise de famine durent toute leur vie. L’espoir devenait de plus en plus mince pour la survie du peuple. Il fallait donc quelque chose capable de rebooster le moral, de modifier le quotidien et surtout, de faire penser à autre chose que la faim. Il fallait occuper les esprits et tourner le peuple vers quelque chose pour qu’il ne se laisse pas dépérir.
Le système du roi Atys
Atys, le roi, mit alors en place un système. Un jour sur deux, les lydiens mangeraient 1 ration et demie. Cependant, le lendemain ils ne mangeraient pas. A la place, ils joueraient à des jeux toute la journée afin de penser à autre chose.
Le premier jour de cette réforme, le peuple mangea un peu plus que d’habitude, ils étaient un peu plus rassasié et avaient plus de force le lendemain.
Le deuxième jour, ils découvrirent les jeux et s’initièrent à plusieurs d’entre eux. Ils jouèrent toute la journée, et leur esprit étant tellement focaliser sur la découverte de ces jeux, leur compréhension et l’envie de tout donner pour être meilleur que les autres que le soir arriva rapidement, beaucoup plus rapidement que d’habitude.
Un système efficace
Malgré le manque de nourriture sur la journée, les Lydiens s’endormirent plus facilement car ils étaient épuisé. Épuisé d’avoir autant joué. Ils purent s’endormirent plus aisément que durant les mois et années précédentes.
En jouant à ces jeux toute la journée, un jour sur deux, Atys et ses lydiens réussirent à oublier la faim, et épuisés les soirs des jeux, ils s’endormaient sans souffrir du manque de nourriture. Le lendemain, ils mangeaient et se reposaient le reste de la journée.
Ce simple processus de jouer une journée sans manger puis se reposer une journée en mangeant leur permis de survivre à la famine pendant plus de 18 ans.
Le pouvoir du jeu
Nous considérons souvent le jeu comme un moyen d’évasion, une manière de se retirer de la réalité. Mais à travers l’histoire Lydienne, nous pouvons voir comment les jeux peuvent être une évasion délibérée, une évasion réfléchie et active, et surtout une évasion extrêmement utile.
Si nous reprenons l’exemple des Lydiens, jouer ensemble 1 jour sur 2 a été un comportement d’adaptation à des conditions difficiles et un moyen de rendre la vie supportable. Un moyen de sortir de la routine, de sortir de la vie courante. Les jeux ont réussi à fournir un sentiment de puissance et d’ambition à ce peuple affamé.
Un peuple plus fort que jamais
A la fin de ces 18 années de famines, le peuple Lydiens en sorti renforcé et plus soudé que jamais. Survivre et vaincre ce désastre leur permis de devenir plus forts.
Pour finir l’histoire que nous raconte Hérodote, une fois la famine passée, le peuple Lydien, soudé et plus fort que jamais, parti à la conquête de nouvelles terres. De génération en génération, ce peuple conquis de plus en plus de territoire jusqu’à devenir légendaire, notamment à l’époque du dernier roi, le plus riche de tous, le célèbre Crésus.
La morale de l’histoire
Tout comme les Lydiens l’ont fait à leur époque, nombre d’entre nous avons déjà compris l’incroyable potentiel du jeu dans nos vies quotidiennes. Le jeu a la force de nous faire sortir du quotidien, il a le pouvoir de nous faire penser à autre chose, de nous libérer des “crises” que nous pouvons avoir dans nos vies.
Mais aussi et surtout, le jeu a la capacité de nous rendre plus fort, jouer nous permet de nous dépasser. En ayant un objectif et en voulant devenir le meilleur, nous pouvons aller beaucoup plus loin.
Des lydiens à la gamification
Aujourd’hui, tout le monde joue. N’importe qui a déjà joué un à un jeu. Que ce soit un jeu de société en famille, un jeu quand nous étions plus petit dans la cour de récréation, un sport, un jeu vidéo … Nous sommes tous dans la culture du jeu. En se basant sur ce principe, sur le fait que nous soyons tous adepte des jeux et que nous aimons ça, des entreprises ont eu l’idée de lancer un nouveau “mode” : la Gamification.